PLEIN CHANT

A J O U T S

17 septembre 2018










Quelques épigrammes de l'année 1924
ou
Fernand Fleuret et Pierre Charron



  



 
  

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Le recueil intituLes Épigrammes du Siècle parut en 1924 aux Éditions du Siècle, sous-titré : Anthologie des épigrammes contemporaines, établie par les soins de M. Pierre Charron, archiviste-paléographe. Le nom du prétendu archiviste-paléographe ne renvoyait pas, bien sûr, au théologien, prédicateur et moraliste Pierre Charron (1541-1603), un sous-Montaigne dont l’ouvrage le plus célèbre, De la sagesse, était paru en 1601, sous le nom d'auteur Pierre le Charron, Parisien, Chanoine Théologal & Chantre en l'Eglise Cathédrale de Comdom [Condom, en Occitanie]. Qui se cachait derrière Pierre Charron ? La réponse nous est proposée par un feuillet trouvé dans un exemplaire truffé d'Épigrammes du Siècle.

On lit, en haut : Epigrammes du Siècle, Fernand Fleuret et André Thérive, qui seraient les auteurs, et l'on a droit à un petit supplément sous la forme d'une anagramme ébauchée. Cela dit, J. de Saint-Jorre, dans Fernand Fleuret et ses amis (sans date, presses de l'Imprimerie Bellée, à Coutances) propose une collaboration entre Fleuret et le directeur des Éditions du Siècle, Constant Bourquin. Qui croire ?

En tournant à gauche le feuillet, on peut lire :

Dans le nom du rimeur
qui signe Derème

Fors d’une [lire : Fors une] lettre dans le nom

on trouve l’anagramme même

D’une chose qui ne sent pas bon

Et c’est signé : Ch. Derennes, autrement dit : Charles Derennes, lui-même journaliste, romancier (oublié) et poète (tout autant oublié). "Derème" désigne Tristan Derème, poète avant tout (1889-1941). Paul Léautaud notait à la fin de l'année 1924, dans son Journal littéraire, que Les Épigrammes du Siècle offraient trois ou quatre épigrammes sur lui, grossières et sans le moindre esprit, mais reconnaissait en avoir lu d'autres, vraiment réussies. Voici l'une de celles qui le concernent, page 30 :

Descendant aux Enfers et, négligeant le reste,
D’embrasser Léotard Boissaud faisait le geste.

Léotard de crier : « J’aimais beaucoup ma mère,

Je ne peux pourtant pas… baiser aussi mon frère !

 On sait que Léautaud écrivait des chroniques théâtrales sous le pseudonyme Maurice Boissard. Les deux derniers vers font allusion à son livre, plusieurs fois réédité et modifié, paru pour la première fois en 1903 : Le Petit ami, roman, Paris, Société du "Mercure de France".
Aux anagrammes sur Léautaud, ajoutons ces deux-ci :


SUR UNE NATURALISATION

  Picabia, riche bohème
  Qu’on connut cubiste et Cubain,
  N’est plus ni l’un ni l’autre ; et même,
  C’était encore trop d’un bain.

  (Page 117)

REFLET

Narcisse-Tailhade se mire
Dedans une onde au pur courant :
Il se couronne et puis s’admire :
L’eau rend l’orang laurant Laurent !

(Page 143)


F I N
l

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