Le recueil intitulé Le
Diable à Paris d’où sont
extraites les pages suivantes parut pour
la première fois en livraison (avril 1844)
puis en deux volumes (1845, 1846), suivis
en 1868-1869 par une édition en quatre
volumes grand in-8° (17,5 x 25 cm).
Édité par le libraire-éditeur Pierre-Jules
Hetzel (1814-1886),
qui
prendra le pseudonyme Pierre-Jules
Stahl,
Le Diable à Paris
fut longtemps recherché pour ses
illustrations autant et peut-être plus que
pour ses textes.
Illustrations
et textes, ci-dessous,
appartiennent au Prologue du premier volume
(1868) de la deuxième édition : LE
DIABLE À PARIS, Paris et les Parisiens à la
plume et au crayon par Gavarni, Grandville,
Bertall, Cham, Dantan, Clerget, Balzac,
Octave Feuillet, Alfred de Musset, Georges
Sand, P.-J. Stahl, E. Sue, Soulié, Gustave
Droz, Henry Rochefort, A. Villemot, etc. On
notera le mélange d’hommes de lettres et
d’illustrateurs, une liste néanmoins dont
les deux premiers noms, Gavarni et Granville
sont ceux d'illustrateurs.
(La scène
se passe dans l'autre monde.)
COMMENT IL
SE FIT
QU’UN DIABLE
VINT À PARIS
ET COMMENT CE LIVRE S'ENSUIVIT
(P. J. Stahl)
De quoi ne se
lasse-t-on pas ? — Il arriva
qu’un jour, las sans doute de
siéger, une fourche en main, sur
son trône d’ébène, Satan s’ennuya
si fort, qu’il voulut à tout prix
se désennuyer. La chose n’est pas
plus facile aux enfers que sur la
terre, et après avoir essayé de
mille moyens sans réussir à autre
chose qu’à augmenter son mal, il
allait se résigner à s’ennuyer
davantage, quand l’idée lui vint
de visiter toutes les parties de
son immense empire.
« Bien pensé,
sire, dit à l’oreille de Satan un
diablotin qui n’était pas plus
haut en tout qu’une coudée, et qui
venait de sauter sans façon sur
les royales épaules ; l’ennui n’a
pas de si longues jambes qu’on le
croit, et il y a peut-être moyen
de courir plus vite que lui. »
Or, pour le
dire en passant, ce diablotin
était quelque chose comme le
secrétaire particulier, ou, si
vous l’aimez mieux, l’âme damnée
de Satan, qui, dans un jour de
bonne humeur, l’avait du même coup
attaché à sa personne et surnommé
Flammèche. Pourquoi
Flammèche ? Mais s’il fallait
tout expliquer, rien ne finirait.
Tout ce que nous pouvons dire,
c’est que, fort de l’approbation
de Flammèche, Satan, qui n’avait
qu’une demi-confiance dans son
idée, finit par la trouver
excellente, voire la meilleure qui
lui fût jamais venue !
« Car enfin, se disait-il,
quand bien même mon voyage ne
devrait pas être un voyage
d’agrément, je devrais encore le
faire dans l’intérêt de mon
gouvernement. Il y a longtemps que
mes sujets ne m’ont vu, il peut
être d’un bon effet que leur
monarque se montre à eux. »
[…]
Pour dire que
Satan perdit son ennui dans son
voyage, et dans quelle partie de
ses États il eut le plus à
s’applaudir de son idée ou le plus
à s’en repentir, voilà ce qu’on ne
saurait préciser, la géographie de
l’enfer n’ayant encore été faite
par personne. Toujours est-il
qu’après avoir parcouru dans tous
les sens ces espaces sans limites
que peuplent les âmes des
habitants des mondes que nous ne
connaissons pas et dont se font de
si étranges idées les gens qui ont
de l’imagination :
Physiciens jonglant
avec les planètes,
Astrologues
et nécromanciens,
Ingénieurs
Ingénieurs rêvant des ponts
pour relier les astres entre eux,
Poëtes et peintres peuplant le
zodiaque à leur guise.
[…]
Satan […], déployant ses
ailes, […] se dirigea vers
le point le plus obscur de
l'horizon ; le cortège
infernal, se frayant à sa
suite un chemin à travers
la foule des corps
célestes qui parsèment
l'infini, laissa bientôt
derrière lui les milliers
d'univers que la main de
Dieu seul a comptés, et
arriva dans ces lieux
habités par le vide où la
fantaisie des poëtes a
placé les enfers.
s entre eux,Ingénieurs rêvant des
ponts pour relier les astres
entre e