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              Valery Larbaud : « Un
                    enfant déchu » (extrait) 
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                  Il voyagea. 
                      Il connut la mélancolie des
                        paquebots, 
                      les froids réveils sous la tente, 
                      l'étourdissement des paysages et des
                        ruines, 
                      l'amertume des sympathies interrompues. 
                      Gustave Flaubert. 
                     
                 
                 
                 
              
                (…) Ce rôle d'intercesseur auquel Valery
                    Larbaud a consacré une très grande partie de sa vie,
                    et qu'il a exercé avec une conscience extrêmement
                    rare et tout à fait pointilleuse, ce rôle assumé
                    avec une admirable humilité, permet de donner une
                    dernière touche au portrait qu'on a esquissé de lui.
                    Qui rejette la société où il est né, on pourrait
                    penser que l'orgueil est dans son cœur, et qu'il se
                    réfugie dans la solitude pour n'avoir pas jugé
                    qu'aucun poste fût digne de lui. Ce n'est pas là le
                    cas de Larbaud. S'il a abandonné sa société
                    d'origine, ce fut pour adhérer aussitôt à cette
                    société européenne des esprits qui ne comprend que
                    des volontaires. Et dans cette société il avait
                    choisi une fonction non pas brillante, mais utile,
                    et peut-être l'une des plus nécessaires :
                    assurer cette circulation des idées et des
                    techniques littéraires qui entretient la vie de
                    l'esprit, qui est le plus vieux remède contre la
                    sclérose collective. De sorte que si, par son œuvre
                    de créateur, Valery Larbaud avait la certitude
                    d'être un futur classique, il avait aussi, par son
                    propre labeur d'essayiste et de traducteur, le
                    sentiment d'être un bon citoyen de cette Europe des
                    esprits qui était à ses yeux la seule Europe
                    véritable, d'être – il l'a dit lui-même – un bon
                    Européen.  
               
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