Éditions PLEIN CHANT

Marginalia

21 janvier 2011


 
Paul Foucher

 

 caricaturé, mystifié



De gauche à droite : Francis Wey et Paul Foucher - qui seul ici nous intéresse.

Paul Foucher (1810-1875)  est donné ci-dessus selon Le Grand Chemin de la Postérité (Les hommes de lettres), tout récemment reproduit (Plein Chant 2011), abondamment annoté par Martin du Bourg. Dans cette édition, il est rappelé que le beau-frère de Victor Hugo avait abordé  tous les genres :  celui du roman (Tout ou rien, roman nouveau), de la nouvelle (Les Passions dans le monde), de l’opéra (Le Vaisseau fantôme), drame (plus de 60 pièces, mais la plupart en collaboration…). Pour les contemporains, Paul Foucher apparaissait un bon critique dramatique ; ses articles ont été recueillis dans  Entre Cour et Jardin et dans Les Coulisses du passé. On  le rencontre dans Le Romantisme  et l'éditeur Renduel (Charpentier et Fasquelle, 1897), d'où l'on extrait le passage suivant (p. 57) :


« La myopie, devenue légendaire, de ce pauvre Foucher était, dès cette époque, une source inépuisable de plaisanteries, d'ailleurs inoffensives, et provoquait parfois les incidents les plus drôles. Le cabinet de Renduel était le rendez-vous ordinaire des auteurs romantiques, qui venaient y flâner en colportant les nouvelles littéraires ou autres. Certain jour, Paul de Musset, qui avait un talent particulier pour dessiner des charges ou découper des silhouettes comiques, avait, tout en causant, tracé une caricature frappante de Paul Foucher et l'avait collée au beau milieu de la glace. (…) Quelqu'un entre : c'est Paul Foucher (…) Il raffermit son lorgnon, se penche tant qu'il peut et reconnaît sa propre charge. Un autre aurait pu se récrier ; lui, il eut le bon esprit de ne rien dire (…) ».

L'anecdote se termine en queue de poisson.
Mais elle en amène une autre, relatée en note,  page 58,  où Adolphe Jullien cite un passage des Mémoires de Viel-Castel que l'on peut  lire dans le texte original de Viel-Castel à la date du vendredi 14 février 1851. Le voici tel qu'il est donné par Adolphe Jullien :

« L’excellent Paul Foucher, avec sa mauvaise vue, était chaque jour en butte à de nouvelles mystifications. En voici de plus ou moins drôles, que raconte dans ses Mémoires le comte Horace de Viel-Castel : “Il a été longtemps notre victime aux deux Musset et à moi ; nous lui faisions manger de la colophane pour du sucre de pomme et nous affichions partout sa caricature. Un jour, dans le journal l’Artiste, en rendant compte d'une de ses productions, j'ai imprimé qu'il était au moins l'égal de Molière, et il l'a cru. Je lui ai persuadé une autre fois qu'il était invité à un bal costumé chez les Ancelot, qui ne songeaient pas à lui et qui se chauffaient tranquillement au coin de leur feu; il arrive habillé en archer du XVIe siècle, costume collant, rayé jaune et noir, toque rouge, plumes blanches, le poignard au côté, la hallebarde à la main. L'entrée a été superbe, la surprise des Ancelot magnifique. Paul Foucher est resté jusqu'à minuit, attendant toujours le bal masqué.” Cette dernière farce est assez amusante et Champfleury l’a jugée telle, puisqu’il en a fait les Mésaventures de M. Tringle ».



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