Éditions PLEIN CHANT

Marginalia


«
J'ai peur de ne plus parler français… » (Nerval)


l

Homme de qualité en habit de drap rayé,
dessiné par J.D. de St Jean, 1688.


l




On a parfois (souvent) l'impression d'appartenir à la catégorie des vieux cons (sic) lorsque l'on  est choqué par des incorrections ou des impropriétés de  langage. Que faire ? Penser à Nerval ; qui ne voudrait être vieux con en compagnie de Nerval ?

l






Dessin de Gavarni, gravure de Rouget (Les Lorettes, Hetzel, 1845.)



NERVAL

« J'ai peur de ne plus parler français […]. Le français de M. Scribe, celui de la Montansier, celui des estaminets,  celui des lorettes, des concierges, des réunions bourgeoises, des salons, commence à s'éloigner des traditions du grand siècle. La langue de Corneille et de Bossuet devient peu à peu du sanscrit (langue savante). Le règne du prâcrit (langue vulgaire) commence pour nous, – je m'en suis convaincu en prenant mon billet et celui de mon ami, – au bal situé rue Honoré, que les envieux désignent sous le nom de Bal des Chiens. Un habitué nous a dit : Vous roulez (vous entrez) dans le bal (on prononce b-a-l), c'est assez rigollot ce soir.
Rigollot signifie amusant.
En effet, c'était rigollot. »

(Nerval, Œuvres complètes, Les Nuits d'octobre. Paris, Pantin et Meaux, VIII. Pantin, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade,  1993, t. III, p. 322.)

NOTE

la Montansier : Mademoiselle Montansier, une intelligente aventurière qui se lança en ouvrant un salon de jeu rue Saint-Honoré. Protégée par des hommes divers, par Marie-Antoinette également, elle inaugura un théâtre à Versailles en 1777. En 1790, elle ouvre le Théâtre Montansier au Palais-Royal, qui changera plusieurs fois de nom pour devenir le Théâtre des Variétés. Quelques théâtres plus tard, elle mourra le 13 juillet 1820, âgée de quatre-vingt-dix ans.

l

   Archives de Marginalia | Accueil