Éditions PLEIN CHANT

Marginalia




  
Liminaire


par Martin du Bourg (2002)


l

 Contrairement aux autres livres parus dans cette collection, qui chacun brosse une suite de portraits d'individualités particulières, de gens singuliers, le présent ouvrage esquisse – mais en profondeur – celui d'un métier tel qu'en lui-même l'éternité l'efface et dans ses rapports avec sa « clientèle » : les écrivains, les éditeurs de livres et de journaux. Les précédents volumes offraient des monographies complètes, devenues intemporelles comme autant de courts romans retraçant une vie. Ici, nous avons davantage affaire avec une tranche de vie qui se situe dans un monde disparu, éradiqué, broyé par la machine du progrès, et l'on se rendra compte en lisant que ceci était déjà le sentiment des deux rédacteurs de l'ouvrage. Le champ de l'action étant beaucoup plus large qu'à l'accoutumée, il nous a semblé qu'il fallait en éclairer les multiples zones d'ombre pour lui redonner un lustre qui, à nos yeux, est loin d'être éteint. Pour cela nous avons choisi deux voies : d'abord, au fil du texte, répondre par l'illustration directe aux passages caractéristiques, à l'aide de documents du temps ; ensuite expliquer par des notes, rejetées in fine pour ne pas altérer la lecture, sous la forme d'un glossaire, la totalité des termes techniques, des expressions, des noms de personnes, d'établissements ou de lieux, des évocations d'événements, etc., qui émaillent ce texte, et qui presque tous peuvent, parce que tombés dans l'oubli, intriguer le lecteur d'aujourd'hui. Nous y avons donc réduit au minimum les notes concernant les personnages demeurés présents dans les mémoires et dans les dictionnaires les plus courants, de Baudelaire à Voltaire ou de Jules César à Racine en passant par Montaigne et Rabelais, pour y privilégier, dans la mesure du possible, par le texte et par l'image, la définition des éléments matériels ou bio-bibliographiques les plus méconnus.

En lisant ces éclaircissements, il faudra sans cesse se rappeler qu'il est impossible de comprendre le XIXe siècle sans avoir en permanence à l'esprit l'importance des journaux, du théâtre, de la publicité, de la chanson ; l'importance de la présence de l'Antiquité et de ses héros mythologiques ou historiques dans les discours et les comportements les plus quotidiens des gens de cette époque, au delà même et à contre-courant du travail en profondeur de l'Église et de la politique dans tous les domaines culturels.

Enfin, quelques noms de chansonniers ou de typographes ont laissé nos investigations sans écho. Nous les avons fait précéder dans le glossaire d'un point d'interrogation. Quelques phrases sibyllines sont désignées de la même façon. Les recherches restent ouvertes à tous et nous tiendrons compte des éléments nouveaux en cas de réimpression.

Typographes et Gens de lettres. À travers cent cinquante années le décor a bien changé et sans doute fallait-il en redéfinir les contours pour une meilleure compréhension de l'ouvrage. Mais l'humain est resté ce qu'il était et nombre de professionnels d'aujourd'hui trouveront dans ces tableaux légers un parfum familier. Nous espérons par nos notules avoir permis à tous les autres une excursion plus agréable dans le monde du Livre et dans ses permanences.
MdB 





   Retour à Typographes & gens  de lettres