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                    Observer une minute de silence par mort est
                    impossible, il meurt quatre hommes par seconde, en
                    une minute il en meurt 4 x 60 =
                      deux cent quarante, chaque minute impliquerait
                      240 : 60 = quatre heures de
                      silence, en quatre heures
                      4 x 3 600 x 4 = 51
                      600 morts réclament leurs 51 600
                      : 60 = 860 heures, soit
                      860 : 24 = trente-cinq jours
                      et vingt heures de silence, au cours desquels
                      meurent
                      860 x 3 600 x 4 = 12 384 000
                      hommes, on devrait observer à leur mémoire douze
                      millions 384 000 minutes de silence, soit
                      206 400 heures, soit 8 600 jours, soit
                      encore vingt-trois ans huit mois et quelques de
                      silence, de silence incessant, n’est-ce pas, et
                      pour peu qu’en dormant nous ronflions, ou
                      marmottions, mais chut! là-dessus, et les morts
                      d’avant l’hommage y pensons-nous? en en comptant
                      50 milliards cela fait 100 000 ans de silence
                      non? sauf erreur? ah, papa nous calculerait ça
                    à la minute,
                    impeccablement, mais il n’est plus depuis
                    vingt ans, le temps d’honorer 10 millions
                    500 000 morts, une Hongrie morte, le temps
                    aussi d’enregistrer deux milliards cinq cent
                    millions de nouveaux morts, deux Chines d’un coup,
                    hi-hi! mais je ne garantis les chiffres, je ne suis
                    pas comptable, hélas, je ne suis qu’un vulgaire
                    poète, sonore qui
                    pis est, Eh! zon,
                      zon, zon, Faridon, faridaine! Eh! flon, flon,
                      flon, Mirliton, ton, ton! et si l’on se
                    contentait d’un centième de seconde de silence par
                    mort? l’espace d’un cent mètres olympique on
                    honorerait quasiment mille morts vous imaginez!
                 
                
                Jean-Louis rêvait de rénover nos
                  vieux dictons, à l’exemple de La fortune vient en
                    dormant, devenu Gros somme, grosse somme, mais il
                  est décédé cette nuit sans avoir rien trouvé d’autre. 
                  (…) 
                 
               
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