Les Déliquescences, poèmes décadents d'Adoré Floupette, éditions Plein Chant 2012




Vie d'Adoré Floupette, par Marius Tapora (extrait de la préface)



Enfin je lui demandai : « Et la poésie ? » — « De mieux en mieux, me répondit-il, je ne suis pas trop mécontent. » —« Comment va Zola ? » — Peuh ! fit-il avec une moue qui m'impressionna, il commence à être bien démodé. » — « Et Hugo ? » — « Un burgrave. » — «  Et Coppée ? » — « Un bourgeois ». Ces paroles, je ne sais pourquoi, me consternèrent. J'étais surpris et je le laissai voir. J'avais tort, car Adoré s'en aperçu[t] ; mais avec sa bonté ordinaire : « Mon cher, me dit-il, tu arrives de province ; tu n'es pas à la hauteur. Ne te désole pas, nous te formerons. » — « Ainsi le Parnasse… » — «  Oh ! la vieille histoire » — «  La poésie rustique… » — « Bonne pour les Félibres ! » — « Et le naturalisme ? » — « Hum, hum ! Pas de rêve, pas d'au-delà ; la serinette à Trublot. » J’étais devenu inquiet ; [s]ans réfléchir, je m'écriai : « Mais enfin que reste-t-il donc ? » Il me regarda fixement et d'une voix grave qui tremblait un peu, il prononça : « Il reste le Symbole. » Ces mots, je les comprends maintenant ou, du moins, je crois les comprendre, car il faut que je vous dise que je n'en suis pas tout à fait sûr, mais alors, c’était de l’Hébreu pour moi. Adoré, sans doute, lut dans mes yeux ma stupéfaction, et riant de son bon rire de Lons-le-Saulnier : « Bah, bah, me dit-il, ce n'est pas si sorcier que tu te l'imagines. Tout s'éclaircira bientôt, tu verras. Et d'abord, ce soir, je t'emmène au « Panier fleuri ! » Tu entendras les Poètes. »








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