Éditions PLEIN CHANT

Marginalia

18 décembre 2010




  Vanités (littéraires) 



Feuilletant une revue Plein Chant épuisée, hiver 1976, sixième année, n° 32, sous-titrée "cahiers poétiques, littéraires et champêtres", on tombe, pages 100 et 101 sur cette critique littéraire, par D. A. (Didier Ard).




d

l

PAR EUX-MÊMES

et par le même

Cent écrivains français répondent au "questionnaire de Marcel Proust". Albin Michel, 1969.

Je voudrais signaler ce livre fastidieux et instructif.
Fastidieux : 114 écrivains, à la queue-leu-leu, répondent à un questionnaire souvent stupide, qui fait "un peu trop de place à la niaiserie". Jules Romains est le seul à le dire carrément.
Instructif :  deux écrivains seulement ne répondent pas consciencieusement à toutes les questions. Marcel Aymé en choisit 11 sur 36. Raymond Queneau fouaille les questionnaires. Rares sont ceux qui ne déçoivent pas, soit qu'ils aient cherché à briller, soit par leur conformisme (réforme admirée : l'enseignement laïque et obligatoire, fleur préférée : la rose…) C’est un jeu plus dangereux qu’il n’en a l'air, ce questionnaire.
Je laisse le soin aux amateurs de statistiques d’en tirer des conclusions plus profondes. Voici simplement quelques réponses choisies, en vrac :
*

Mes auteurs favoris en prose ? (…) Elsa Triolet.  (Aragon). Aragon, etc. (Elsa Triolet).

Mes poètes préférés ? Aragon, etc. (Elsa Triolet).

Quels sont les héros de roman que vous préférez ? Les "normaux", les non-pédérastes. (Maurice Genevoix).

Le principal trait de mon caractère ? La bêtise. (Paul Claudel).

Qui auriez-vous aimé être? Personne autre que qui je suis, encore que je sois fort mécontent de moi-même. (Paul Géraldy, toutes ses réponses seraient à citer). Quelqu'un qui aurait aimé être moi. (Claude Roy).

Ce que je voudrais être ? Un grand écrivain. (Jean-Louis Bory, Solange Fasquelle, Christian Murciaux, Jules Roy, Henri Troyat). Ce que je suis : un écrivain français. (André Maurois).

Quel est, pour vous, le comble de la misère ? Être tel mauvais écrivain que je connais. (François Mauriac).

L’oiseau que je préfère ? La palombe - pour la tuer. (Pierre-Henri Simon, de l’Académie française).
Didier Ard 



l

Voir, toujours aux éditions Plein Chant

Gestes, par Didier Ard



    Accueil | Archives de Marginalia